Le 1er juillet marquait non seulement la fête du Canada, mais aussi le jour du déménagement au Québec. Malheureusement, cette journée fut plutôt synonyme de stress et d’angoisse pour plusieurs ménages n’ayant toujours pas trouvé de logement où se déposer. Plus que jamais, la pénurie de logements se fait sentir au Québec, et ce, bien au-delà des grands centres urbains.
Près de 500 ménages sans logement au lendemain du 1er juillet
Selon les données recensées par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), au moins 490 ménages, suivis par un service d’aide, n’ont toujours pas réussi à signer un nouveau bail au lendemain du 1er juillet 2023, dont 115 à Montréal, 43 à Drummondville, 42 à Sherbrooke, 40 à Granby, 30 à Rimouski, 25 à Trois-Rivières, 25 à Saint-Jérôme, 17 à Gatineau et 15 à Québec. Ces chiffres ne sont que la pointe de l’iceberg, car ils ne prennent pas en compte les personnes qui sont hébergées chez des proches ou à l’hôtel ni celles qui ne se sont pas manifestées auprès d’un service d’aide ou qui étaient déjà en situation d’itinérance.
La porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, mentionne « qu’il y a aussi beaucoup trop de locataires qui ont dû consentir à louer un logement trop cher, trop petit ou insalubre ». Selon elle, la crise du logement ne sera pas résolue uniquement en augmentant l’offre de logements, mais en augmentant massivement l’offre de logements sociaux. À Drummondville et Rimouski, le taux d’inoccupation atteint 0,4 %. À Québec, la situation n’est guère plus réconfortante avec un taux d’inoccupation de 1,7 %, bien en deçà du seuil d’équilibre estimé à 3 %. La situation exige une action urgente.
Quels sont les recours possibles?
La crise du logement est un enjeu social qui demande à être pris en charge le plus rapidement possible. Non seulement le gouvernement doit prévoir des mesures d’aide et d’hébergement temporaire plus généreuses et assurer la pérennité des logements abordables existants, mais surtout, il doit construire plus de logements sociaux abordables, sans quoi, la situation empirera au fil des ans.
En attendant, les personnes qui se retrouvent avec des problèmes de logement peuvent contacter sans frais la Société d’habitation du Québec en appelant au 1 800 463-4315. Des services d’hébergement d’urgence locaux et des organismes communautaires accueillent temporairement ceux et celles dans le besoin. Des ressources ont également été mises en place afin d’entreposer les biens des ménages. Selon David Bélanger, directeur général de l’Office d’habitation Drummond (OHD), une planification préalable facilite la recherche de solutions plutôt que d’être pris dans l’urgence. Il est donc crucial que la population soit informée de l’existence des organismes d’aide et les contacte le plus tôt possible. Tout citoyen québécois sans logement au 1er juillet peut aussi obtenir un soutien immédiat en contactant directement son office d’habitation.
Le rôle des promoteurs immobiliers
Pour contrer la crise qui sévit, les promoteurs immobiliers sont invités à travailler étroitement avec les Villes afin d’augmenter le nombre de logements sur le territoire québécois. Pour les inciter à le faire, la Ville de Rimouski accordera un crédit de taxes régressif sur une période de cinq ans à tout promoteur qui se qualifie à certaines exigences afin de favoriser la construction, la rénovation et la location de logements locatifs à des fins résidentielles. Ils sont également encouragés à explorer de nouveaux modèles d’habitation tels que les coopératives d’habitation, les habitations intergénérationnelles ou les logements modulaires préfabriqués.
Cependant, un défi persiste: les nouveaux logements privés se louent à des prix excessifs, alimentant ainsi l’inflation immobilière. Pour que les compagnies privées acceptent de financer plus de projets de logements sociaux et communautaires, le gouvernement doit intervenir. « Pour y arriver, ça prend un programme. On n’arrivera pas à avoir un effet structurant sans cela », affirme Véronique Laflamme. D’ailleurs, les promoteurs immobiliers, ayant désormais une place au sein du programme de financement public, ont démontré peu d’intérêt pour ce dernier. Des 92 projets soumis, seuls 14 émanent du secteur privé.
En somme, la crise du logement nécessite une approche globale, impliquant les gouvernements, les organismes, les promoteurs immobiliers, ainsi que tout expert pouvant apporter son aide. Seule une approche collective et concertée pourra offrir des solutions durables à cette problématique pressante. Le logement doit être vu comme un droit fondamental, et non comme une marchandise.