L’ancien couvent des Franciscains, situé au 5750, boulevard Rosemont, s’apprête à connaître une transformation majeure dans les années à venir. Le promoteur immobilier Prével envisage d’acquérir ce site historique afin de lui insuffler une nouvelle vie tout en répondant à la demande grandissante en logements dans la métropole. Ce projet ambitieux soulève toutefois des débats au sein de la communauté et des experts en patrimoines.
Un projet résidentiel mixte
Prével planifie de revitaliser le site de l’ancien monastère, aussi connu sous le nom de couvent de la Résurrection, en le transformant en un projet résidentiel mixte. Ce dernier inclura la construction de trois immeubles résidentiels totalisant entre 650 et 750 unités, en plus de deux bâtiments dédiés au logement social, offrant ainsi 100 à 150 unités supplémentaires. Le site comprend également un boisé de 6500 mètres carrés, connu sous le nom de boisé des Pères, que le promoteur prévoit transférer à la Ville afin qu’il soit intégré au parc voisin du Bois-des-Pères.
Avec des édifices allant de 8 à 23 étages, l’initiative s’inscrit dans une démarche favorisant la mixité sociale et le dynamisme communautaire. La chapelle et l’infirmerie du couvent des Franciscains seront démolies pour laisser place à des logements sociaux. Prével souligne que ce projet répondra aux besoins en habitation tout en intégrant des unités abordables pour les familles et les personnes à faible revenu.
Une controverse autour de la chapelle
L’un des points sensibles du projet est la démolition de la chapelle et de l’infirmerie construites en 1960 et d’architecture brutaliste. Selon Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal, bien que l’effort de préservation du boisé et du cloître soit salué, le choix de démolir la chapelle soulève des interrogations. Il se demande notamment si cette démolition était réellement inévitable. M. Bumbaru reconnaît que des enjeux techniques liés au béton, ainsi que l’absence d’un usage rentable pour le promoteur, ont pesé dans la balance. Cependant, il estime que la Ville aurait pu explorer des solutions collectives pour donner une seconde vie à cet espace, d’autant plus que sa valeur patrimoniale est indéniable.
Le promoteur défend toutefois sa décision en expliquant que la préservation de la chapelle aurait compromis la faisabilité du projet résidentiel, en raison de contraintes techniques et financières. « Étant donné l’envergure des travaux à mettre en œuvre pour assurer sa pérennité, il est jugé préférable de remplacer la chapelle par un bâtiment de logements sociaux qui maintiendrait la fonction communautaire de cette composante du site », explique le promoteur dans sa présentation du projet.
Un logement social insuffisant?
Le Comité logement Rosemont se montre également critique, mais pour d’autres raisons. Arnaud Duplessis-Lalonde, organisateur communautaire, estime que le nombre de logements sociaux proposé, bien qu’il respecte les exigences municipales, demeure insuffisant au regard des besoins criants du secteur.
Il rappelle qu’en 2018, une motion adoptée à l’unanimité par les élus de Rosemont–La Petite-Patrie visait à protéger les lieux communautaires et institutionnels en interdisant les changements de zonage qui en modifient l’usage. « Ce projet immobilier semble en contradiction avec cet engagement », déclare-t-il, réclamant que l’ensemble des logements du projet soit réservé au logement social.
Entre préoccupations citoyennes et aménagement durable
Lors d’une séance d’information tenue en décembre, des citoyens ont exprimé leur inquiétude quant à la hauteur de la tour de 23 étages, jugée incompatible avec le plan d’urbanisme en vigueur. D’autres, comme le Comité de surveillance Louis-Riel, se réjouissent de cette hauteur, qui permettra de préserver le boisé des Pères, l’une des dernières parcelles de forêt ancestrale du secteur.
Le projet de transformation de l’ancien couvent des Franciscains illustre les tensions inhérentes aux grands chantiers urbains montréalais : concilier la préservation du patrimoine, les besoins en logement et le développement durable. Rien n’est encore définitif pour ce projet, alors que l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) finalise actuellement son rapport. Le site de l’OCPM permet de suivre l’évolution de cette initiative.
Pour consulter la liste des habitations à vendre ou à louer situées à Rosemont-La Petite-Patrie, rendez-vous sur le répertoire guideimmo.ca.