La réhabilitation d’anciens bâtiments industriels est un enjeu auquel bien des métropoles doivent faire face. Les débats citoyens sur la préservation du patrimoine sont chauds et le sort réservé aux infrastructures désaffectées fait couler beaucoup d’encre. C’est un grand défi pour les municipalité que de trouver l’équilibre entre essor et histoire. À New York, la transformation d’une vieille voie ferrée en parc en est un bel exemple. Inauguré il y a presque 10 ans, le High Line fait aujourd’hui partie des icônes de Manhattan.
Un peu d’histoire
Situé dans la partie ouest de Manhattan, le quartier Meatpacking a été, pendant plus d’un siècle, le centre névralgique de transit de viande entre les abattoirs et les installations portuaires sur la rivière Hudson.
“Piétons, chevaux, carrioles, automobiles, camions, partagent la rue avec les trains qui circulent au beau milieu de la chaussée comme un banal tramway.” Le taux d’accidents engendrés par cette cohabitation est problématique. Une voie ferrée en hauteur sera construite à la fin des années 30 afin d’y remédier.
Le déclin du transport ferroviaire s’amorce dans les années 60 au profit du transport routier et la voie ferrée surélevée du West Side cesse d’être utilisée en 1980.
Friends of the High Line : le projet
En 1999, Robert Hammond, résident du quartier, fonde le groupe “Friends of the High Line” dans le but de réfléchir collectivement aux réhabilitations possibles de cette vieille structure. Au sortir de ses travaux de réflexion, le groupe présente à la municipalité un projet de parc linéaire. La ville accepte le projet et le groupe en demeure un des partenaires.
En 2004, Friends of the High Line présente les partenaires retenus pour compléter l’équipe qui réalisera le projet : les firmes James Corner Field Operations, Diller Scofidio + Renfro et l’Architecte paysagiste Piet Oudolf.
Les travaux commencent officiellement en avril 2006. La première section est inaugurée en juin 2009, la deuxième en juin 2001 et la dernière en septembre 2014.
Portrait du High Line
Le High Line a le statut de parc municipal et bien que la ville en soit propriétaire, les opérations et la maintenance sont assurées en partenariat avec l’OSBL Friends of the High Line. L’organisme, par des levée de fonds, génère 98% du budget annuel d’opération et d’entretien du parc.
La structure fait 2,3 kilomètres de long et est accessible à partir du niveau de la rue grâce à des escaliers installés à intervalles réguliers. Plusieurs points d’entrée ont également un ascenseur pour permettre l’accès aux poussettes et aux personnes à mobilité réduite. Le panorama est unique, le fait d’être en hauteur permet de voir le quartier sous un angle différent. Et que dire de la vue offerte par la partie qui donne sur la rivière Hudson!
350 espèces de vivaces poussent sur le High Line. Le paysagement, la variété et la quantité de végétaux sont remarquables. Essences d’arbres, graminées, fleurs, on a privilégié des espèces indigènes pour l’aménagement paysager.
Détente et plaisir assuré: diverses aires de repos sont aménagées tout le long du parcours jalonné d’œuvres d’art public.
450 événements et activités annuels, c’est toute une programmation! Spectacles, expositions, ateliers éducatifs, yoga et mise en forme, il y en a pour tous les goûts. Les enfants ne sont pas en reste on leur propose des tas d’activités jusqu’à un camp de jour axé sur le design et la botanique!
Le High Line a rapidement été adoptée par les new-yorkais et rayonne au delà des frontières. Dans plusieurs grandes villes, elle a inspiré à la réflexion et des projets similaires sont en cours. Afin de partager son expertise avec d’autres groupes qui souhaitent démarrer un projet du genre, l’équipe de création du remarquable parc a même créé le High Line Network.
Je suis toujours séduite par les projets de réhabilitation de vieilles structures, comme en témoignent les articles qui racontent la vieille cimenterie espagnole et l’incroyable reconversion du silo d’Afrique du Sud. L’histoire du High Line me touche d’autant plus qu’elle est née d’une implication citoyenne.Toutes les grandes villes font face aux enjeux de la densification et on y dénonce haut et fort la gentrification. Ce genre de partenariat citoyens-municipalité ne serait-il pas un moyen d’arriver à un bel équilibre?